Ils étaient persuadés d'acheter un chien de race. Il n'en était rien. Jeudi une ex-éleveuse ne s'est pas présentée à la barre du tribunal correctionnel, malgré la litanie de délits que la justice lui reprochait, courant 2011 et 2012.
« Elle est poursuivie pour des escroqueries, tromperies sur la marchandise, exécution d'un travail dissimulé, mais aussi de mauvais traitements sur les animaux. C'est vraiment dommage que cette dame ne soit pas là pour s'expliquer », déplore le président du tribunal correctionnel, Rémi Figerou.
Lors des transactions, l'éleveuse affirmait à ses clients qu'elles allaient inscrire les chiots auprès du Livre des origines françaises (LOF), première étape avant leur confirmation comme chiens de race. Une formalité administrative qu'elle ne pouvait pourtant engager, « les animaux étant atteints de tares génétiques et héréditaires. » Mais surtout parce que l'élevage n'était pas inscrit au registre du commerce.
L'avocat de la SPA, qui s'est constitué partie civile, n'a pas mâché ses mots. « Cette éleveuse était bien connue dans le milieu animalier pour son comportement inadmissible envers les chiots. Ces derniers étaient détenus dans des conditions déplorables. Elle les revendait cher en affirmant qu'ils étaient de race.
Elle a ainsi floué de nombreuses personnes. D'ailleurs, elle ne cessait de déménager son élevage » à travers le Berry. L'avocat réclame l'interdiction définitive d'exercer le métier d'éleveur canin.
Une mesure radicale que partage le ministère public. « Cette dame ne portait aucun intérêt aux animaux et à leur bien-être. Elle les élevait uniquement dans un but lucratif. » 90 jours amende à 10 € sont requis ainsi que 300 € d'amende.
Ce réquisitoire mesuré surprend les juges. Mais il convient très bien à Me Aurélie Carré, avocate de la prévenue. « On l'accuse de tous les maux. Pourquoi, alors, les clients ont-il acheté les chiots s'ils étaient si mal hébergés ? » Et d'indiquer au tribunal que sa cliente avait « recasé » les chiots dans d'autres élevages, avait cessé son activité et travaillait aujourd'hui dans un autre secteur.
A l'issue des débats, l'ex-éleveuse a été condamnée à trois mois d'emprisonnement, avec interdiction d'exercer à vie toute activité d'élevage. En outre, un renvoi du procès sur intérêt civil a été ordonné, dans le but d'indemniser les victimes.
Source : La Nouvelle République.fr