Les tiques sont des acariens dont on connaît environ 900 espèces et sous-espèces valides dans le Monde, réparties en trois familles:
- Les tiques dures, ou Ixodidæ, représentent environ 670 espèces connues ; elles possèdent des zones de tégument chitinisé dur.
- Les Argasidæ, environ 180 espèces, ont un tégument sans sclérification qui leur vaut le nom de "tiques molles".
- Un seul représentant des Nuttalliellidæ a été identifié, il appartient à une famille intermédiaire entre les deux précédentes.
Toutes les tiques sont hématophages, donc potentiellement vectrices de maladies.
Mais quelques unes seulement ont une importance médicale, en raison de la pathologie humaine ou vétérinaire qu’elles occasionnent. Elles transmettent une trentaine d'agents pathogènes, tant virus, bactéries, protozoaires que nématodes.
Cependant ce chiffre est susceptible d'être réévalué à la hausse, car tous les agents pathogènes n'ont pas encore été identifiés. Des intoxications à neurotoxines (paralysie à tiques), ainsi que des allergies à la salive de tiques sont également possibles.
Un schéma de la bête :soulevons :
- 8 pattes => acariens
sur la 1ere paire, il y a un organe sensoriel, sensible à la fois au degré d'hygrométrie, aux phéromones, au gaz carbonique, aux métabolites exhalés par les ruminants, à l'acide lactique... Il sert d'organe olfactif à la tique. Les poils sont sensibles aux vibrations et aux variations de température.
- à l'avant, la "bouche" qui est composé de 2 type d'organes : les chélicères et l'hypostome. Les chélicères servent à percer et dilacérer les tissus. Elles permettent ainsi la pénétration de l'hypostome qui s'ancre solidement dans les tissus grâce à ses dents placées sur la face ventrale.
- à l'arrière, le "corps" formé d'une cuticule souple et extensible permettant la réplétion; sur la face dorsale se trouve une plaque, le scutum, dont la taille est variable selon le sexe et les espèces.
Cycle de vie :Le cycle évolutif des Ixodidæ se déroule en trois stades:
- De l’œuf naît une larve hexapode, inframillimétrique, à peine perceptible à l’œil nu.
Après s’être fixée pendant quelques jours sur un vertébré pour se gorger lentement de sang, elle se laisse tomber sur le sol, pour digérer et muer...
- En une nymphe octopode mesurant environ un millimètre à jeun. Le deuxième repas de sang est pris dans les mêmes conditions de durée. La nymphe repue mesure alors 2mm, elle se détache et tombe au sol pour muer ...
- En une tique adulte de 3 à 4 mm. La femelle, après copulation, devra une dernière fois se gorger pleinement de sang, jusqu’à prendre la taille d’un petit pois. Ce repas lui permettra de pondre de 1 000 à 20 000 œufs, selon l'espèce et le sang ingéré, avant de se dessécher et de mourir.
Malgré le nombre d'oeufs pondus, la densité de ces acariens reste relativement stable d'une année sur l'autre. Le taux de survie demeure en effet très modeste, en raison des conditions climatiques et des prédateurs.
Par exemple pour I. ricinus, après l'éclosion des 2 à 3000 oeufs, maximum, 5% des larves survivent, et seulement 10 % d'entre-elles parviennent à la stase nymphale. Et seulement 25% d'entre-elles parviendront à la stase adulte.
Le mâle ne s'alimente pas, ou rarement et très peu.
La durée d’un cycle est en moyenne de 2 à 4 ans, pouvant aller à 7 ans si les conditions climatiques ne sont pas favorables.
Ecologie :Les préférences écologiques des tiques sont variables : certaines espèces vivent en milieu ouvert, d'autres en milieu abrité. Une même espèce peut également occuper successivement les 2 habitats, en fonction des périodes de son cycle biologique. La densité des tiques est liée aux associations végétales, à l'hygrométrie, au cycle des saisons, autant qu'à la diversité des hôtes.
Cependant, à la différence des autres arthropodes hématophages, tels que les moustiques, les tiques ne disposent pas de moyens importants de déplacement. Elles peuvent passer des mois à survivre au sol, attendant de rencontrer un hôte à leur convenance pour effectuer 2 à 3 repas qui ne dureront au maximum en tout qu'une vingtaine de jours.
Ces repas constituent leur unique source d'énergie pour les mues et le temps en attente d'hôtes. Très sensibles à la dessiccation les tiques doivent redescendre régulièrement au sol pour se réhydrater. Leur durée de quête décroît donc avec le pouvoir desséchant de l'air. Par contre, leur période de repos au sol est indépendante de ce facteur.
Plus il fait sec plus les tiques se déplacent, toutefois leurs déplacements sont maximaux la nuit, alors que l'hygrométrie est plus élevée et le risque de dessiccation minoré.
Le choix des sites de quête est régi par la présence d'hôtes. La nuit la tique perçoit mieux les traces odorantes déposées fraîchement par ses hôtes potentiels sur les herbes, elle se poste alors dans leurs traces, là où ils risquent le plus de repasser.
Pour se nourrir, quelle que soit sa stade, les tiques pratiquent l’affût : les larves se postent au sommet d'herbes basses, où l'hygrométrie est la plus importante ; les adultes plus résistants montent quelquefois jusqu'à 1,50 mètre, sur des herbes, des ronces ou des fougères. Installées à leur poste, les tiques tendent leurs 2 deux pattes antérieures dès qu'elles perçoivent l'arrivée d'un hôte potentiel puis agrippent sa fourrure, les vêtements ou la peau s'il s'agit d'un humain. Le réflexe d’accrochage paraît stimulé par le mouvement, la chaleur ou l’émission de dioxyde de carbone.
Les hôtes des tiquesCertaines espèces d'Ixodidae se gorgent sur une seule espèce, ou une seule famille, de rongeurs, de bovidés ou de carnivores.
Rhipicephalus sanguineus qui choisit le chien à ses 3 stades en est un excellent exemple.
Les larves et nymphes de
Dermacentor reticulatus ont un tropisme marqué pour les micro-mammifères, alors que l’adulte se fixe sur des hôtes de grande taille comme les chiens, les cervidés, les suidés ou occasionnellement sur l’homme.
Ixodes ricinus n’a pas de tropisme marqué aux stases larvaire et nymphale, mais marque une nette préférence pour les mammifères de grande taille (sélectivité plus restreinte) à la stase adulte.
Le gorgement :Contrairement aux autres arthropodes hématophages, les ixodidés ont la particularité de se gorger très lentement.
Après s'être agrippée à la fourrure d'un animal passant à sa proximité, la tique se déplace sur son hôte jusqu'à trouver une zone richement vascularisée. Elle doit alors s'y ancrer solidement pendant plusieurs jours à l'aide de son hypostome, afin d'avoir suffisamment de temps pour parvenir à se gorger complètement.
Pour éviter toute réaction de défense de l'hôte, qui pourrait compromettre la fixation par un toilettage trop vigoureux, la tique s'est adaptée afin de passer la plus inaperçue possible. Elle se fixe en un endroit discret et opère de façon indolore.
Ses chélicères sont capables de découper l'épiderme sans provoquer la moindre douleur. Sa salive, digère progressivement les tissus de l'hôte, et ouvre graduellement la voie à la pénétration de l'hypostome dans la peau, sans éveiller l'attention de l'hôte.
La tique provoque ensuite la formation d'une cavité dermique qui se remplit de sang et d'exsudats tissulaires, qu'il ne lui reste plus qu'à aspirer au travers de son hypostome.
La durée du gorgement varie, selon les espèces et les stades. Habituellement, une première phase lente d'environ 1 semaine permet à la tique de décupler son poids ; elle est suivie d'une seconde phase rapide, de 12 à 24 heures, où la tique le décuple encore.
Pendant toute la durée du gorgement, elles produisent une quantité importante de salive. Les glandes salivaires produisent diverses substances… Elles sont aussi le siège de différents agents pathogènes et de toxines susceptibles d'être injectés à l'hôte…
Toute effraction de la barrière cutanée, morsure, ou piqûre, provoque normalement la mise en œuvre des facteurs de l'hémostase : vasoconstriction et coagulation. Ce phénomène peut être accompagné de réactions inflammatoires ou d'hypersensibilité.
La fixation de la tique ne pourrait donc pas se prolonger sans déjouer efficacement les mécanismes de protection de l'hôte (toilettage, hémostase et immunité). D'autant moins que sa salive contient de nombreuses substances protéiques, susceptibles de déclencher des réactions antigéniques.
Toute ingestion d'une des armes chimiques qu'émet l'hôte, se solderait irrémédiablement par la destruction du tube digestif puis de la tique. D'ailleurs, en cas d'immunité acquise de l'hôte, la tique ne dispose d'aucun moyen pour rester fixée ; le gorgement est perturbé et la tique doit se laisser tomber prématurément.
Une faille dans la stratégie de la tique, qui ouvre la voie à une immunité artificiellement induite par vaccination.
Photos, Répartition géographique :Une 40aine d'espèces ont été recensées en France, 11 ont une action parasitaire connue pour l'homme, mais seulement 4 sortes de tiques nous intéressent plus particulièrement car elles sont responsables de la grande majorité des infections propagées.
- Ixodes ricinus (principal genre rencontré en Europe)
- Rhipicephalus sanguineus (la tique des chenils): très commune dans le Midi méditerranéen
- Dermacentor reticulatus : France (Prévalence élevée en Normandie, en Poitou Charente, en Limousin et dans le Centre) à l'exception des départements méditerranéens
- Dermacentor marginatus : Sud-Ouest, jusqu'à la Méditerranée et en Corse
voir ci-dessous.
Tiques, vecteur de maladie...Ces sal***ries de bestiole sont malheureusement capable de transmettre diverses maladies...
Que ce soit par l'intermédiaire de bactérie, de virus, de divers protozoaires...
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Ixodes ricinus est un vecteur de la Borréliose de Lyme ainsi que de l'encéphalite à tique (TBE).
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Rhipicephalus sanguineus est un vecteur considérable d’agents pathogènes : L'Ehrlichiose canine (Ehrlichia canis), L'Hépatozoonose (Hepatozoon canis), La Piroplasmose (Babesia canis vogeli), L'Hémobartonellose canine (Haemobartonella canis), La filariose péritonéale (Dipetalonema grassii), La fièvre boutonneuse méditerranéenne (Rickettsia conori), Et la fièvre du Queensland (Coxiella burnetii).
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Dermacentor reticulatus et
Dermacentor marginatus sont un vecteur de la piroplasmose (Babesia canis canis)
Mais heureusement, toutes ne sont pas porteuses
Quelques unes de ces maladies sont décrites plus bas.