Bon je vais essayer de faire un petit post informatif sur ces fameuses mycotoxines
Je ne vais rien inventer, juste regrouper des éléments pour nous permettre de comprendre la problématique.
Je vais essayer de définir ces molécules, leur source, et les dangers liés à leur présence.
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Qu'est ce c'est ça les mycotoxines ?Rien que par le nom, on peut deviner : myco - toxine.
Donc, des substances issus de "champignon" et ayant une toxicité.
Par champignon, il faut comprendre en fait des moisissures qui se développent sur des denrées alimentaires.
Ces moisissures se développe naturellement, mais dans certaines conditions (teneur en eau, température, composition gazeuse du milieu, le "substrat", les autres espèces présentes...) les moisissures sécrètent des toxines.
On peut distinguer 2 cas de figure :
- contamination des culture en champs
- contamination durant le stockage
Dans tous les cas, on peut retrouver ces toxines sur les matières premières qui rentrent dans la composition de notre alimentation, et aussi celle des animaux.
Cela concerne particulièrement les produits céréaliers et apparentés (blé, maïs, orge, avoine, sorgho, arachides,...) mais aussi fruits (raisin --> vin, pomme, poire, fruits à coque...)
Un animal qui mange des produits contaminés se voit donc intoxiqué. Je pense par exemple aux vaches, cochon, volaille... On retrouve alors des mycotoxines dans les viandes et le lait...
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Les mycotoxines, un peu de détailEtant biochimiste de formation, je ne peux m'empêcher ^^
On recense à l'heure actuelle plus de 400 mycotoxines. Seulement une dizaine sont soumises à une réglementation (et encore... on verra cela plus loin)
Voici les principales mycotoxines, et quelques particularités physico-chimiques
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Le déoxynivalénol (DON)Il appartient au plus grand groupe de mycotoxine : les béta-trichothécène
Le Don est très toxique en raison d'un cycle époxyde (très réactif!)
Le DON est une mycotoxine qui résiste à la fois à la cuisson et au processus de brassage.
Le DON a aussi reçu le surnom de "vomitoxine", à cause des vomissements qu'il provoque.
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L'ochratoxine A (OTA)Elle est produite par les espèces du genre Penicillium et Aspergillus, on peut la trouver dans toutes les régions tempérées.
On peut trouver l'OTA dans une large gamme de produits stockés tels des céréales, mais aussi dans les fruits pendant le séchage au soleil, y compris les grains de café.
Cette mycotoxine survit à la plupart des étapes de traitement de la nourriture (cuisson, rôtissage, fermentation).
C'est une molécule très stable et non soluble dans l'eau (donc oui dans le "gras")
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Zéaraléone (ZEA)Cette toxine est un composé stable tant pendant l'entreposage que pendant la mouture, le traitement et la cuisson de nourriture. Elle ne se dégrade pas sous l'effet de températures élevées. Elle n'est pas soluble dans aussi.
Dans la mesure où elles sont produites par les mêmes champignons, la ZEA apparaît simultanément en compagnie du déoxynivalénol (DON) dans les céréales dans l'ensemble du monde.
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Mycotoxines T-2 & HT-2Ce sont surtout des mycotoxines de champ.
Elles appartiennent elles aussi à la famille des béta-trichothécènes, comme le DON.
Donc les même propriétés...
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les FumonisinesRegroupe une 15aine de toxines.
On les retrouve souvent dans le maïs, mais leur présence a été signalée dans les fèves, le riz, les nouilles de blé, le curry, la sauce chili et la bière.
Il s'agit de mycotoxines polaires produites par plusieurs espèces de Fusarium.
Leurs structures chimiques se basent sur une longue chaîne hydrocarbonée hydroxylée, comportant des groupes méthyle et amino.
Il est très difficile de les détecter (de part leur structure).
Mais on connait depuis plus d'un siècle leur toxicité pour les chevaux et les espèces apparentées : elles peuvent générer une maladie mortelle appelée leucoencéphalomalacie (ELEM).
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La Patuline (PAT)La patuline (PAT) est une mycotoxine incluse dans un groupe de composés couramment connus sous le terme de lactones toxiques.
La patuline est associée en particulier aux pommes manifestant la "pourriture brune" ou d'autres caractéristiques de pourrissement. Tout fruit quelconque manifestant des signes visibles de pourrissement, de dégradation ou de croissance de moisissure peut être suspect de contenir de la patuline.
La patuline a également été identifiée dans un grand nombre d'autres fruits, légumes, céréales et alimentations animales affectés par une moisissure.
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les AflatoxinesLes aflatoxines sont des dérivés de coumarine polycycliques insaturés et fortement substitués.
Elles constituent également l'un des plus importants groupes de mycotoxines.
Ces composés présentent en général une très bonne thermostabilité durant le traitement thermique de la nourriture et des aliments pour animaux.
Les moisissures produisant les aflatoxines sont rencontrées surtout dans les pays tropicaux et subtropicaux. Mais aussi dans les pays tempérés, si il y a eu contamination avec des produits importés.
Les denrées alimentaires touchées peuvent être le maïs, mais aussi tout fruit à coque et/ou sec comestible (arachides, noix du Brésil, pistaches, dates, etc.).
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Autres mycotoxinesSans trop développer, ils existent bien entendu d'autres toxines.
Quelques noms en vrac : citrinine, roquefortines, acide pénicillique, acide mycophénolique, toxine PR, monacoline K, pénitrème A, stérigmatocystine, acide cyclopiazonique, gliotoxine, ...
Toutes ont des particularités propres.
Toutes sont toxiques...
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Les mycotoxines : ToxicitéDe part leurs structures, leurs stabilités, ces molécules sont potentiellement dangereuses.
Bien entendu, on connait l'effet de l'absorption d'une dose massive. Je vais détailler maintenant.
Mais on a beaucoup moins étudié l'effet à long terme de l'exposition à de faible doses... On peut imaginer les mêmes effets, on peut en imaginer d'autres...
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DONLes porcelets sont les animaux les plus sensibles à cette mycotoxine.
De fortes doses entraînent des vomissements, un refus de s’alimenter, des pertes de poids, mais également des nécroses dans certains tissus (comme, par exemple, dans la paroi intestinale).
Lorsque les doses sont plus faibles, on observe des modifications concernant les paramètres sanguins ou des lésions du système immunitaire.
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OchratoxineLes reins sont la cible majeure pour la toxicité de l'OTA.
On observe principalement des effets néphrotoxiques ; cette mycotoxine est responsable en Europe de la néphropatie endémique porcine. Mais pour les porcs et les volailles, on a pu observer des effets immunotoxiques, tératogénes, cancérogènes et hépatotoxiques.
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ZéaraléoneConformément à sa structure, la ZEA est en mesure d'établir une liaison aux récepteurs d'œstrogènes mammifères. C'est ainsi que la ZEA induit des effets œstrogéniques sur les mammifères et perturbe la conception, l'ovulation, l'implantation, le développement et la viabilité du fœtus. Outre son activité œstrogénique, la ZEA possède également une activité anabolisante.
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T-2 & HT-2La synthèse de l'ADN et des protéines est inhibée par les trichothécènes, mais aucun effet mutagène ou carcinogène n'a pu être démontré. Ces toxines affectent surtout le système digestif (le Déoxynivalenol (DON) est surnommé ‘vomitoxine') et peuvent provoquer l'aleucie toxique alimentaire' et même entraîner la mort.
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FumonisinesLes fumonisines sont toxiques pour les chevaux et les espèces apparentées : elles peuvent générer une maladie mortelle appelée leucoencéphalomalacie (ELEM). Les animaux perdent l'appétit, deviennent léthargiques et développent des symptômes neurotoxiques. Des œdèmes et des liquéfactions se développent dans leurs hémisphères cérébraux. La maladie attaque également leur foie, avec, parfois, des lésions importantes.
Chez les porcs, les fumonisines entraînent des œdèmes pulmonaires et un hydrothorax, où le thorax se remplit de liquide jaune
Le Centre international de recherche sur le cancer a classé les fumonisines dans le groupe 2B (probablement cancérogènes).
La présence de FB1 dans les céréales a été associée aux taux élevés de cancer de l'œsophage chez l'homme en Afrique, en Italie du nord, en Iran, dans le sud-est des Etats-Unis et au cancer du foie dans certaines régions de Chine
Leur toxicité s'explique principalement par leur effet sur la synthèse des sphingolipides.
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PatulineLa patuline s'est avérée être carcinogène dans les mammifères de laboratoire, a un effet sur le métabolisme des glucides, provoque des ruptures dans l'ADN et manifeste une aminoacyl-tARN-synthétase, a une influence sur le flux ionique intracellulaire et une interaction avec les membranes cellulaires.
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AflatoxinesEn 1993, le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé l'AFB1 comme carcinogène humain de classe 1. Il n'existe pas, pour ce type ce carcinogène, de seuil de dose en-dessous duquel aucune tumeur ne se développera. Seul un niveau zéro de concentration produira un risque zéro de cancer du foie.
Les autres (AFB2, AFG1, AFM1), c'est pareil mais la dose est plus importante pour voir les mêmes effets.
L'organe le plus gravement affecté par cette mycotoxine est le foie (lésions, carcinomes, prolifération dans le tractus biliaire). Les reins et les poumons sont également affectés.
Les nourrissons, en raison de leur faible poids, de leur importante consommation de lait, de leur grande activité cellulaire et de l'immaturité de leur système immunitaire, peuvent rencontrer certains problèmes...
Cancérigènes, immunotoxiques, tératogénes, hépatotoxiques, œstrogèniques, neurotoxiques, ....
Sympa tout cela !
Que dit la loi ?
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Mycotoxines : la réglementationBon les aspects réglementaires maintenant... Là, c'est plus difficile pour moi ^^
Il y a 2 aspects : l'alimentation humaine, et l'alimentation animale.
Pour l'humain, des doses limites ont été déterminées (par expérimentation animale loool mais c'est un autre débat ça)
Les aliments ne doivent pas contenir plus que x mg de telle ou telle toxine.
Toutes les toxines vues au-dessus ne sont pas visées.
Pour l'animal, c'est un peu plus fou... un peu plus inquiétant aussi...
Pareil, des doses de quelques mycotoxines ont été déterminées. Bizarrement : les doses sont toujours supérieures à celles acceptées pour les humains...
MAIS, MAIS, et MAIS : ce n'est pas une réglementation, mais des recommandations.....
Je vous mets un lien pour ces aspect réglementation
http://www.usipa.fr/maj/upload/actualites/Intercereales_09_12_guide_mycotoxines.pdf
c'est le Guide interprofessionnel de gestion des mycotoxines dans la filière céréalière - édition 2009
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Voilà
que rajouter de plus ?
je laisse place à vos commentaires, à vos réactions.
Ha si, un dernier point !
un peu technique, donc je ne rentrerais pas dans le détail au risque de vous perdre (si ce n'est déjà fait^^)
un peu technique, car cela concerne les dosages de ses toxines.
c'est d'une façon générale, assez difficile de doser correctement les mycotoxines dans les matrices alimentaires. Il faut d'une part les extraire (=les séparer), puis les concentrer, et enfin les doser.
Pour être dans le milieu de l'analyse (je fabrique des kits d'analyse
- pas pour ces toxines complexes, mais pour des molécules plus simples), je peux vous dire que parfois les résultats sont... comment dire... du grand n'importe quoi.
pour ces toxines, on peut avoir des erreurs de l'ordre de 20-30%, voir plus....